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Artistes compagnons

Maddog

Artiste visuel

Ca commence toujours dans un désert … Allez savoir pourquoi !

On peut distinguer avec un peu de réalisme comme une grille au travers du sable. Je pose un pion noir, goûte d’encre qui devient une falaise au loin. Quand le vent de sable se calme parfois, le soleil devient le terreau de mon arbre, de la base des branches à l’extrémité de ses racines il chante, il vibre, il me raconte toute mon histoire, en détail, jusqu’au grain de sable dans mon oeil. Et mon sang. Tout est subjectif alors ?

… Moi aussi je voudrais le faire rêver et l’étonner. Pièce après pièce, se muant en pierre que je charrie sous ce soleil de plomb. Ca a commencé à prendre la forme d’un phare. Je sais qu’avant ici il y avait la mer, ses colères et ses promesses de forêts luxuriantes grouillantes de vivants. Mais le ciel n’annonce aucune pluie pour quelques siècles, pas une goûte d’eau. Conscient que mon horizon est circonscrit à l’intérieur d’un cube, entrevois au loin la guerre, sur ces faces. La vue est pixellisée mais tu devines ces champs de mines flottantes au hasard des villes en ruines. Lourdes masses métalliques hérissées de pointes sensibles, presque animales, avec leurs chaînes libres, entrailles déversées, qui grincent contre le bitume des avenues vides. Si le vent ne tourne pas, je peux continuer à construire… Sous les étoiles, des milliards de soleils qui vibrent aussi, je reste souvent comme hypnotisé. Je sais que tu es là, là haut, et que tu m’observes. Comme tu me lis. Alors j’allume mon phare. Du cœur des ombres du désert surgissent d’autres créatures, chiens mutants, yeux verts phosphorescents, chants saturés et distordus… La nuit fusionne l’électronique. Noirceurs que toute lumière attire, hurlants à la lune, aux étoiles, à toi. Le désert distille sa fièvre, une colère qui te crève la peau, te hérisse de poils, lames et chromes. Tu mords, tu te bats, tu danses, tu griffes la pierre et t’arrache ce qui te fait mal. Aucun dieu n’apportera de pluie, il n’y a pas de démons non plus, tout cela reste très humain finalement.

J’essaie de t’atteindre aussi… en noir et fluo… en bleu. Les bras tendus, un pinceau comme extension et dernière frontière. Par dispositions fractales, chaque aube est une nouvelle itération plus complexe. Pas une boucle. Je savoure cette chance avant de perdre la Mémoire. Je travaille souvent dans la salle des machines, en sous-sol, dans la réalité logique. Sous la lumière néon, j’essaie de comprendre comment ça fonctionne, tout ça. Je suis sûr qu’en étant un peu malin, on pourrait se la programmer … cette forêt !